Homélie messe des 24 heures du Mans – 11 juin 2023
Chapelle du circuit des 24 heures du Mans
11ème dimanche du temps ordinaire (A)
Je n’avais jamais pensé, frères et sœurs, célébrer un jour la fête du Saint Sacrement au bord de la piste des 24 HEURES du Mans !
Je rends grâce avec vous pour cette belle présence agissante des Scouts et Guides de France depuis si longtemps sur la piste des 24 HEURES. Ils étaient là lorsqu’a eu lieu le terrible accident qui coûta la vie à de si nombreuses personnes ; leur dévouement à cette occasion avait été remarqué et chaleureusement remercié.
Les Scouts sont toujours là, prêts à servir.
Par votre service, amis Scouts et Guides de France, vous cherchez à imiter le Christ serviteur qui donne sa vie pour ceux qu’Il aime. Ce n’est pas pour rien qu’Il lave les pieds de ses disciples quelques heures avant de vivre sa passion. Mis en Croix, Il est l’Agneau de Dieu qui donne sa vie pour la multitude.
L’eucharistie que nous célébrons provient justement de cet amour du Christ qui est absolu. Communier au corps du Christ, c’est s’engager à faire ce que Jésus a fait lui-même. Celui qui refuse que sa vie serve aux autres s’enferme dans la prison du repli sur soi qui est un tombeau. Avec le Christ nous sortons du tombeau du repli sur soi et de l’égoïsme.
« Seigneur Jésus,
apprenez-nous à être généreux,
à vous servir comme vous le méritez
à donner sans compter ».
C’est un extrait de la prière scoute.
Pour surgir du tombeau avec le Christ, il faut faire corps avec l’humanité qui par le Christ seulement, trouve son unité.
J’ai toujours un peu de mal à comprendre l’expression de certains chrétiens qui affirment être croyants et non pratiquants : comment pouvons-nous croire en Jésus et le suivre sans chercher à faire corps avec la communauté rassemblée qui se nourrit du Christ. C’est d’abord cela l’eucharistie : même si telle ou telle personne se trouve empêchée de communier au corps du Christ, elle n’est jamais empêchée de faire corps avec la communauté rassemblée et nourrie par le Christ.
N’allons pas penser cependant qu’il suffit d’aller à la messe et de communier pour que la vie éternelle nous soit donnée. L’eucharistie n’est pas une potion magique.
Sa parole aussi nous nourrit. L’homme ne vit pas seulement de pain. Le chrétien a besoin d’entendre la Parole de Dieu et de s’en nourrir avec la communauté rassemblée.
Et il se trouve que le pain eucharistique est aussi « parole » en ce sens qu’il nous dit que nous devons nous aussi donner notre vie pour l’unir à celle de nos frères.
Communier au corps du Christ, c’est s’engager à faire ce que Jésus a fait. Communier c’est s’engager à ressembler au Christ, quels que soient les engagements que nous prenons : engagement familiaux, professionnels, associatifs, solidaires.
Communier, c’est vouloir faire corps avec une humanité réconciliée et c’est œuvrer chaque jour pour que l’humanité soit réconciliée : cela passe par la justice, la paix, le partage, l’entraide, le respect, le dialogue et le travail de chaque jour.
Nous savons qu’à la fin des temps, tout sera récapitulé en Christ, tout sera réconcilié en Lui, par Lui et avec Lui.
C’est dans cette direction que le chrétien avance chaque jour.
Le chrétien n’est pas engagé dans une course qui le fait tourner en rond.
Il est engagé dans un pèlerinage et sur sa route, il peut s’arrêter avec d’autres amis, fidèles du Christ, pour reprendre des forces.
Lorsque nous participons à l ’eucharistie, nous sommes en quelque sorte transportés au terme de notre course, individuel et collectif.
C’est un peu comme si nous étions déjà à la fin des temps. Le Christ a franchi la mort. Avec Lui, nous sommes au-delà des soucis du monde présent, de la souffrance et de la mort. Nous sommes déjà dans la joie de Dieu et dans son repos.
Ainsi, par l’eucharistie, nous célébrons notre vie éternelle dans le Christ. A nous de nous laisser transporter avec Lui, par Lui et en Lui, au terme de la course.
Amen
+ JP Vuillemin
évêque du Mans