Toute vie est un don pour ce monde
+ Mgr Vuillemin, évêque du Mans, 10 novembre 2023
A propos de l’inscription de l’avortement dans la Constitution
RCF : Monseigneur, dans le discours de clôture de l’assemblée d’automne de la Conférence des évêques de France, une triple série d’appels a été lancée. On ne va pas forcément les hiérarchiser, on va les prendre les uns après les autres. Il y a notamment un appel sur la liberté d’avorter, il y a des inquiétudes parce qu’elle est en passe d’être inscrite dans la Constitution, ce qui sacraliserait l’avortement.
Mgr Vuillemin : Oui, c’est cela. Les évêques ont exprimé leur inquiétude devant ce que signifierait cette inscription dans la Constitution. On a repris aussi ce que le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France avait dit en décembre 2022, lorsque l’Assemblée nationale avait voté une proposition de loi qui allait dans ce sens. Donc, nous redisons une chose qui nous semble fondamentale : toute vie est un don pour ce monde. C’est un don fragile, c’est un don précieux, c’est un don infiniment digne. Toute vie est un don infiniment digne et nous devons accueillir ce don. Nous devons servir ce don depuis son commencement jusqu’à sa fin naturelle. Donc, on n’ignore pas aussi le contexte, mais on doit rappeler la valeur de la vie, du début jusqu’à la fin. C’est ce que les évêques ont voulu réaffirmer. Alors, l’Eglise s’est souvent prononcée sur la question de l’avortement. C’est un sujet de société très délicat qui fait naître aussi parfois des incompréhensions et une certaine violence dans les propos. Donc là aussi, sachons nous écouter. Sachons nous écouter dans le respect et dans la paix. Cherchons à élargir le champ de notre compréhension de ce phénomène. C’est quand même, quand nous regardons les chiffres, 234 000 avortements par an en France.
RCF : Vous avez dit vous même que c’est un sujet qui crispe, comment l’Eglise peut sensibiliser sur le fait que ce sont 234 000 vies qui sont supprimées ?
Mgr Vuillemin : Oui, cela doit nous faire réfléchir. Je pense qu’il faut vraiment qu’on mette l’accent sur l’éducation, sur l’accompagnement aussi et le soutien social, économique et humain de celles et ceux qui en ont besoin. Nous avons vraiment, collectivement, un travail à faire ensemble. Et finalement, il y a vraiment à développer ce respect de la vie. Et donc, oui, c’est tout un travail éducatif, mais aussi de soutien concret de celles qui, finalement, n’ont que comme seule solution l’avortement. Donc, il faut aussi entendre les souffrances, les comprendre et en même temps, collectivement, trouver d’autres solutions que le fait de donner la mort à un être vivant. C’est-à-dire qu’il faut d’abord travailler sur les droits des femmes qui doivent être davantage promus et garantis. Les évêques de France disent qu’il faut travailler aussi pour une réelle égalité salariale et une protection contre toutes les violences faites aux femmes. Il faut aussi qu’il y ait un soutien social à leur rôle dans l’éducation des enfants, surtout pour les femmes seules. Il faut aussi appeler à un certain progrès de notre société. Avorter, c’est un acte qui n’est pas banal et l’inscrire parmi les droits fondamentaux serait abîmer tout l’équilibre des droits fondamentaux de l’être humain.