Le père Grégoire Cador nommé vicaire général
Désormais Mgr Le Saux a deux vicaires généraux :
le Père Cador et le Père Drouin.
Suite à ma nomination qui prendra effet à compter du 1erseptembre prochain, le P. Paul-Antoine me demande de faire une présentation personnalisée à l’usage des destinataires de cette lettre de liaison…
Je profite de mon jour de repos dans ma famille à Solesmes pour vous écrire ces lignes au pied du baptistère de la petite église paroissial où je suis devenu membre du corps du Christ et donc missionnaire de l’Évangile, deux jours après ma naissance en 1961, quand Mgr CHEVALLIER était évêque du Mans.
10èmed’une famille de onze enfants, j’ai passé ma jeunesse à l’ombre des abbayes St Pierre et Ste Cécile de Solesmes qui ont toujours accompagné de leur prière chacune des étapes de ma vie, et dans la proximité heureuse de Notre Dame du Chêne.
En plus d’une vie de famille très enrichissante, le scoutisme m’a façonné (louveteaux chez les scouts de France, scout chez les Europe, chef de troupe, et ensuite aumônier, chez les SUF) Le scoutisme reste inscrit profondément en moi. « Scout un jour, scout toujours ! »
J’ai travaillé dans la petite entreprise familiale de fabrication d’aliments du bétail. Minotier ambulant, pendant 4 ans, j’ai sillonné 7 départements autour de la Sarthe, passant de ferme en ferme, pilotant un moulin monté sur un camion.
Au cours de mes tournées, c’est le constat de la raréfaction progressive du clergé rural, qui a réveillé l’appel au sacerdoce enfoui en moi depuis ma plus tendre enfance.
Mgr ALIX m’a confirmé dans l’adolescence et c’est lui qui m’a admis au séminaire en 1980.
Ordonné diacre et envoyé en mission à l’aumônerie des lycées du Centre du Mans par Mgr GILSON, c’est lui qui m’a ensuite appelé et ordonné comme prêtre en même temps que mes chers frères Max, Alain, Laurent, Bruno et Christophe, en la fameuse année du synode de 1988, avant de m’envoyer en mission à La Flèche pour 4 ans, puis comme Fidei-Donum au Cameroun ou j’avais effectué deux ans de coopération au titre de mon service militaire.
J’ai ensuite été renouvelé et soutenu successivement dans cette mission « au loin » par Mgr FAIVRE et Mgr LE SAUX.
C’est donc tout naturellement que, bien qu’ayant vécu 32 ans hors des frontières nationales, sur les 59 que comptent ma vie, je me reconnais « radical manceau »(attention à l’orthographe !)dans mon cheminement ecclésial.
Marqué très profondément par quelques figures de prêtres tels que le P. Edouard CLERC (osb), curé de mon enfance solesmienne et Roger GUYARD, son voisin sabolien de l’époque, je garde en mémoire les maîtres en pastorale qu’ont été pour moi les P.P. François LEDRU et Louis HOUDOUIN, qui ont accompagné les quatre années de mon jeune ministère fléchois, sans oublier l’accueil des P.P. LE JARIEL, COURTOIS, BOUGOUIN, AUZENET, POUDRE, PROUST (s.c) qui m’ont si fraternellement accueilli lors de mes stages de séminariste. Je voudrai aussi évoquer les P.P. Michel THEGNER et Jean de CHASTEIGNER dont le courage dans les épreuves m’a grandement édifié.
Je garde en grande estime et reconnaissance quelques figures de laïcs, de religieuses, de diacres permanents qui, après mes parents et ma famille à qui je dois tant, m’ont aidé courageusement à préciser peu à peu ma juste place de prêtre dans l’Église. Au Mans et à la Flèche notamment, ils sont nombreux ceux à qui je dois beaucoup. Certains le savent, d’autres n’en ont probablement même pas conscience…
Après l’ouverture à l’universel que Mgr ALIX, relayé ensuite par Mgr GILSON, m’a permis en m’envoyant faire mes études à Rome, la longue parenthèse camerounaise (mais est-ce vraiment une parenthèse ?) en terre de toute jeune évangélisation, à Tokombéré, a élargi l’espace de mon cœur et lui a imprimé une trace indélébile.
J’ai eu la chance de vivre là-bas avec des « géants de la mission ad Gentes » comme Mgr PLUMEY (omi), fondateur de la mission Nord-Cameroun en 1947, Jacques de BERNON (omi) et Philippe STEVENS (pfe), premiers évêques de Maroua, Christian AURENCHE (fidei donum comme moi), prêtre et médecin, curé de Tokombéré et compagnon du quotidien pendant 25 ans. J’ai eu aussi la chance de découvrir d’authentiques maîtres spirituels en la personne de certains grands-prêtres de la religion traditionnelle africaine pratiquée dans les montagnes du Nord-Cameroun comme CHEDECHE MOTOMBO ou ………..et chez des amis musulmans avec lesquels nous avons porté au coude à coude la menace Boko-Haram. Le partage hebdomadaire de la Parole de Dieu avec les catéchistes des 50 communautés qui composaient la grande paroisse de 100.000 habitants de Tokombéré, reste une expérience inoubliable et jamais égalée jusqu’à ce jour.
La découverte de l’extraordinaire figure sacerdotale de l’abbé Simon MPEKE (Baba Simon, dont il faudra bien un jour que je vous parle plus amplement et dont j’ai assuré pendant 20 ans la psotulation de la cause de béatification) m’a conduit tout naturellement à approfondir la spiritualité évangélique de Charles de Foucauld et à intégrer la fraternité sacerdotale Jésus-Caritas, à laquelle j’appartiens encore aujourd’hui.
Très touché de la manière si fraternelle dont les confrères du presbyterium sarthois m’ont accueilli et réintégré à mon retour forcé du Cameroun il y a trois ans, je suis heureux de pouvoir répondre à l’appel que l’évêque me fait de l’aider à mieux servir le presbyterium au quotidien.
L’accueil si chaleureux que les communautés d’Allonnes et d’Arnage m’ont réservé avec le P. Sandro CUADRADO (sans oublier ses confrères prêtres ouvriers), ainsi que la collaboration si fraternelle avec l’équipe de la Pastorale des Migrants, sont pour moi un motif d’action de grâce permanent. Et, si j’ai accepté la nouvelle charge que notre évêque me confie, c’est parce qu’il m’a assuré que je restais enraciné à Allonnes-Arnage et aux côtés des permanents de la Pastorale des Migrants.
L’expérience du Synode, dont nous avons vécu la première manche avec bonheur au cours des rencontres d’équipes synodales, des trois assemblées et de la belle journée de lancement des orientations synodales le 10 juin dernier, est un stimulant profond et je me réjouis de pouvoir continuer avec vous tous la réflexion pour inventer ensemble les paroisses dont le monde a besoin…
Les fondamentaux que sont notre vocation baptismale commune, la Parole de Dieu, la centralité des pauvres et des plus fragiles et la fraternité universelle, et sur lesquels reposent nos orientations, sont un socle qui sent bon l’évangile et le souffle missionnaire auquel l’évêque ne cesse de nous appeler à la suite de notre bien-aimé Pape François.
Certains ont cru qu’il suffisait de partager le travail du prêtre pour que les laïcs trouvent leur place dans l’Église, alors qu’il s’agit d’abord et avant tout de revenir à la source du baptême et du ministère vécu comme un service et de repenser l’ensemble du travail sous cet angle.
Ensemble, nous sommes les « intendants des mystères du Royaumenous dit saint Paul Or, tout ce que l’on demande aux intendants, c’est d’être trouvés dignes de confiance.» (1 Cor 4,1-2) etnon de s’ériger en « propriétaires de la boutique »… Chacun à notre place, ordonnés ou non, consacrés ou non, nous avons pour mission de mettre nos communautés en tenue de service.
Si nous ne sommes pas très vigilants sur cette question, le résultat c’est que nous cléricaliserons un certain nombre de gens autour des prêtres et le problème restera entier…
En 2012, le Pape Benoit XVI appelait avec force à « un changement de mentalité à propos du rôle des laïcs dans l’Église, qui ne sont pas à considérer comme des « collaborateurs » du clergé, mais comme des personnes réellement « coresponsables » de l’être et de l’agir de l’Église. Il est important, disait-il, que se renforce un laïcat mature et engagé, capable de donner sa propre contribution spécifique à la mission ecclésiale, dans le respect des ministères et des charges que chacun a reçu dans la vie de l’Église et toujours en communion de cœur avec les Évêques.»[1]
C’est cela que je vais m’efforcer de servir au milieu de vous, du mieux possible, avec mes nombreuses limites et en m’appuyant sur la confiance que j’ai que nous sommes tous « attelés au même joug »… (C’est l’une des définitions du mot communion) et que nous pouvons compter sur la prière réciproque les uns pour les autres qu’on appelle traditionnellement « communion des Saints ».
Bon été à tous.
Très fraternellement.
+ Grégoire
[1] Benoît XVI, Message à l’occasion de la 6e assemblée ordinaire du forum d’action catholique, 10 août 2012.