L’église Saint-Liboire du Mans

Quand l’on rentre dans la ville du Mans depuis la Normandie, nous arrivons dans le quartier de la Chasse Royale. Longtemps assez peu urbanisé bien qu’existant depuis au moins le XIIIe siècle, ce quartier va se développer considérablement au début du XXe siècle. Il se développe tant et si bien que l’église Notre-Dame du Pré ne suffit pas à contenir tous les paroissiens ! Ainsi le 30 mai 1929, Mgr Grente, évêque du Mans, publie sa volonté de créer une nouvelle paroisse. A cette paroisse il donne le nom du saint évêque du IVe siècle, Liboire dont les reliques se trouvent depuis le IXe siècle et le pacte d’éternelle fraternité entre les deux diocèses, à Paderborn. Le siège de cette nouvelle paroisse est établie route d’Alençon, aujourd’hui avenue Rhin et Danube dans la prairie des Eveils qui pourra accueillir la nouvelle église. Dès lors Marcel Guibert tout juste nommé curé de Saint-Liboire va se mettre en quête de financement pour son église. Les paroissiens ne sont pourtant pas sans abris. Une ancienne baraque Adrian, construction multi usage de la première guerre mondiale a été acheté puis bénie lors de l’inauguration de la paroisse en juillet 1929 va servir d’église provisoire, en tout cas, c’est ce que l’on pensait à l’époque. L’abbé Guibert va d’abord chercher des fonds auprès de ses paroissiens. Malheureusement, les habitants du quartier malgré leur générosité ne sont pas assez riches pour financer ce projet. Le curé de la paroisse se tourne alors vers le gouvernement français. Rapidement, une lettre du secrétaire particulier du Maréchal Pétain annonce la bonne nouvelle : Un chèque de 30 000 francs va permettre de commencer le chantier ! La bénédiction de la première pierre aura lieu deux semaines plus tard. Pourtant, la seconde guerre mondiale et les difficultés économiques associées vont stopper le chantier. Il faut attendre les années 50 et la nomination d’un nouveau curé, l’abbé Chalamel pour que le projet reprenne. Ce projet prend un tournant original quand, face au manque d’argent, les paroissiens décident de s’occuper eux-mêmes de la construction. Ils vont extraire les pierres de la carrière de Bernay-en-Champagne, réaliser les fondations selon les plans ambitieux décidés avec un architecte. En 1951, allemands de Paderborn étaient même venus apporter des reliques du saint patron de la paroisse en signe de soutien. Malgré tout, les paroissiens s’essoufflent devant l’ampleur de la tâche et en 1952 le chantier est abandonné. C’est alors que le diocèse de Paderborn vient au secours de la paroisse et plus particulièrement la jeunesse catholique allemande qui lance une souscription recueillant 50 000 Deutsch-Mark. Le diocèse aussi s’organise et une souscription appelée « Les Chantiers de Monseigneur » permet de regrouper les dons pour toutes les constructions urgentes à mener. Les travaux peuvent alors reprendre encore une fois et seront cette fois achevés. Les 28 et 29 octobre 1961, les cérémonies grandioses de la consécration de la nouvelle église seront menées par l’évêque de Paderborn Mgr Jaeger avec son homologue manceau, Mgr Chevalier. L’église à nef unique et sans transept est construite en béton armé et suis les fondations précédemment bâties par les paroissiens. Le mur sud de l’église est composé de poteaux également en béton et installés en oblique ce qui permet l’intégration de vitraux en polyester et dirige la lumière vers l’autel. Sur ce même mur mais au niveau du chœur, un grand vitrail en dalle de verre représentant saint Liboire et les deux cathédrale du Mans et de Paderborn témoigne de l’importance du jumelage et le rôle essentiel de cette amitié dans l’histoire de la paroisse.

FEREY Marie, GROS Philippe. Architectures sacrées : Le Mans au XXe siècle. Editions 303 : Service patrimoine de la Région Pays de la Loire, 2021. Archives historiques du diocèse du Mans – Semaine du Fidèle Archives historiques du diocèse du Mans – Fonds Abbé Pierre Davoust